DON JUAN

5 versions de DON JUAN

Chaque tableau donnera un éclairage nouveau sur les valeurs, les croyances, les désirs et les frustrations de Don Juan. En fonction du thème, il sera intéressant d’utiliser des techniques qui mettront en évidence la corporéité du personnage sous toutes ses coutures.

:: Une version plutôt classique inspirée par l’ouverture du Don Giovanni de Mozart et dansée par un trio (Don Giovanni, Elvira, Leporello).

:: Un Don Juan hip-hop, insoumis, antisocial, emmené par un rap où l’on développera une énergie tendue, puissante et revendicatrice.

:: Un Don Juan femme qui mette en avant un érotisme intériorisé et puissant à travers un mélange de danses orientale, indienne et krump. 

:: Un Don Juan aux enfers inspiré par « Les Fleurs du Mal » de Charles Baudelaire ou encore du tableau « Le naufrage de Don Juan » de Delacroix. Agressé tour à tour puis ensemble par toutes ses victimes et puni par le Ciel, mais fidèle à lui-même jusqu’au trépas. 

:: La délivrance de Don Juan, qui évolue dans l’au-delà, transformé, allégé de son passé.

Pourquoi s’intéresser à Don Juan ?

Parce que c’est une COMEDIE, une TRAGÉDIE et un SCANDALE. 

Grand séducteur sans scrupules, sans cesse en quête d’aventures amoureuses, seigneur libertin, menteur, manipulateur, profanateur et  hypocrite, se moquant des femmes et ne tenant jamais ses promesses, Don Juan n’est ni moral, ni affectif, ni sentimental, il est seulement  avide de pouvoir. Alors pourquoi ce vil séducteur nous fascine-t-il autant ? 

Où qu’il aille, il suscite le désir, c’est un objet de convoitise, il plaît aux hommes comme aux femmes et il en abuse.  Il consomme la vie et l’épuise avec passion dans la joie et les rires. Il recherche les plaisirs immédiats et le changement perpétuel. Rien n’est  simple avec lui, il traduit la démesure sous toutes ses formes.  

Et pourtant, il est finalement dépositaire d’une certaine éthique. Certes il transgresse les règles mais il est LIBRE et INSOUMIS !  Il affirme sa propre loi, n’ayant pour critère que sa propre pensée. 

Il se sait mortel et inutile, donc il ne respecte rien : ni les valeurs religieuses, ni la morale de la société, ni la science médicale. Il traite les femmes de façon égalitaire puisque toutes sont égales à ses yeux : nobles, religieuses, paysannes, pas de hiérarchie, pas de  classes sociales, seul persiste son désir de prendre et de laisser. C’est un anticonformiste, qui refuse toutes les limites.  

N’est-ce pas fascinant de se tenir ainsi à l’écart des systèmes de valeur de la société et de créer une autre « grammaire » de vie ?  Il incarne aussi une forme de décadence, une impossibilité de bonheur et de satisfaction qui l’entraîne dans sa destruction. En étant  à la fois infidèle, menteur, blasphémateur et impétueux, il attire sur lui un châtiment divin, la mort par le ciel et par le feu. La voilà, la tragédie !

Don Juan est perdu. Molière a raconté le voyage initiatique d’un homme rebelle voulant créer de nouvelles valeurs.

Comment peut-on développer une pièce chorégraphique à partir d’un tel argument ? 

Et comment actualiser une œuvre qui date de 1665 ?  En proposant 5 perspectives, 5 angles d’attaque, qui tiennent compte de l’époque actuelle, de l’évolution de notre société, des bouleversements dans les comportements humains et notamment, dans le rapport des hommes avec les femmes et vice versa.